Article paru dans Marche nordique magasine

Catherine Letesse, animatrice loisirs sportifs de nature, encadre toute l'année des sorties de marche nordique à destination d'un large public. Amoureuse de son pays, elle conjugue généralement activité physique et découverte du patrimoine.
La Baie de Somme fait partie de ses terrains de prédilection.
En été, elle propose, des séances d'initiation aux promeneurs de la Baie.

Rendez-vous est pris, nous nous joignons au groupe d'une dizaine de vacanciers sur le quai du port. Jadis florissante, l'activité de la pêche a vu le nombre de bateaux se réduire considérablement. Cela s'explique en partie par l'ensablement progressif de la Baie.

"La marée montante charrie plus de sédiments que la marée descendante ne parvient à évacuer. Des monticules de sable s'accumulent petit à petit constituant des mollières sur lesquelles la végétation s'installe". 

Le phénomène profite au éleveurs d'agneaux de prés salés, dont la qualité de la viande est reconnue par une appellation d'origine contrôlée. Quant à l'espace navigable, il se réduit inexorablement, contraignant les pêcheurs à quitter la Baie de Somme qui leur doit pourtant une grande part de son histoire. 

En ce milieu de matinée, la marée est basse, c'est à l'ombre des quelques bateaux de pêche amarrés dans le sable que nous quittons le port, ses étals de poissons et son ambiance de kermesse pour rejoindre la plage. 

Le sable, bien tassé et humide, donne une impression de dureté qui s'apparente à celle d'un sentier de forêt. Le terrain est idéal. Sans difficulté majeure, le groupe progresse donc à bon rythme. Il serait toutefois dommage de filer droit devant sans prendre le temps d'observer...

Catherine, propose une halte pour nous présenter quelques trésors déposés par la marée sur la plage. "Malgré sa texture lisse et brillante, ceci n'est pas un vulgaire déchet de plastique noir mais une capsule d’œuf de raie! Ici, voici des hydrobies. Regardez de plus près, il s'agit de minuscules gastéropodes. Un mets de choix pour le Tadorne de Belon, oiseau palmipède protégé de la Baie de Somme." 

Au milieu des coquillages, nous poursuivons notre escapade. Les bâtisses du village du Crotoy cèdent désormais leur place à un paysage constitué de dunes.

Nous quittons la plage pour gagner le sentier côtier sillonnant au milieu des collines arides. A l'abri du vent la chaleur est écrasante. Seuls quelques arbrisseaux et buissons d'argousier apportent un semblant de verdure dans ce milieu quasi désertique. Le sable, sec et meuble, rend la pratique de la marche nordique plus délicate .

Dur, dur de mettre la belle gestuelle enseignée en préambule de la sortie.

Les pointes de bâtons peinent à trouver l'accroche dans le sol. Néanmoins, leur utilisation s'avère appréciable pour conserver un minimum d'équilibre. 

Au bout du chemin, nous longeons une petite route essentiellement empruntée par le cyclistes et regagnons la plage. Nous voici aux portes de la réserve naturelle, sur la Slikke. Ce terme désigne la partie de sable immergée à chaque marée. En se retirant, la mer laisse une multitude de petites étendues d'eau salée qui, tels des miroirs reflètent le ciel à l'infini.

Catherine nous avait promis une surprise... nous comprenons que le moment est arrivé en la voyant installer sa longue vue. Derrière l’œilleton, nous découvrons tour à tour que les roches grises remarquées au loin correspondent en réalité à une colonie de phoques profitant de la marée basse pour se dorer au soleil. La rencontre est extraordinaire. Mais le temps est compté et l'heure de la marée haute approche. Regagner la plage devient une priorité.

Pauline Hug